Le Musée Mainssieux a acquis récemment 7 nouveaux dessins de deux artistes marquants dans le parcours artistique de Lucien Mainssieux : Henriette Deloras et Jules Flandrin.
Après la dissolution de l’association des « Amis du Musée Mainssieux », ses fonds ont été donnés à la Ville de Voiron pour procéder à l’acquisition de nouvelles œuvres pour le musée. Parmi celles-ci, 7 dessins ont été achetés à la galerie Aimée et Marc Pessin de St Laurent du Pont.
Ces œuvres sur papier ont été réalisées par Henriette Deloras (pour quatre d’entre elles) et Jules Flandrin (pour trois d’entre elles), un couple d’artistes qui a marqué le parcours artistique de Lucien Mainssieux. En effet, Jules Flandrin deviendra à partir de 1905 le second maître de Mainssieux, lui prodiguant des conseils avisés mais surtout lui permettant d’intégrer les milieux les plus avant-gardistes de la peinture du début du XXe siècle.
Deloras et Flandrin, un couple entre vie parisienne et dauphinoise.
Jules Flandrin est né en 1871 à Corenc, ville où il reviendra régulièrement et pour laquelle il conservera un grand attachement. Développant très tôt un attrait pour la peinture, il monte à Paris en 1893 et sera rapidement repéré par le peintre Gustave Moreau et rentrera à son atelier aux Beaux-Arts où il se liera d’amitié avec Henri Matisse. Ses années parisiennes lui permettront de se frotter aux courants picturaux naissant (fauve, nabi, post-impressionnisme…) qui l’influenceront durablement. Artiste consacré, exposé au prestigieux Salon d’Automne de 1911, sa carrière se voit freinée par la Première Guerre Mondiale lors de laquelle il est mobilisé. À son retour du front, il observe les nouveaux courants artistiques, sans y prendre part. Il s’installe en 1919 dans son atelier avec Matisse, Albert Marquet, et Jacqueline Marval.
De son côté, Henriette Deloras, originaire de Grenoble où elle passera toute sa vie, rencontre Jules Flandrin – de 30 ans son aîné – à Corenc où sa grand-mère possède une maison. Ils se lieront d’amitié et Jules Flandrin prendra la jeune Henriette sous son aile. En 1921, elle monte à Paris pour la première fois et est chamboulée par l’effervescence des années folles. Noctambule invétérée, et vivant intensément, elle ne cesse de croquer et dessiner le monde de la nuit parisienne, des cafés, des brasseries entre Montparnasse et Montmartre. Elle côtoie Picasso, Matisse, Kisling, mais aussi Joséphine Baker, Kiki de Montparnasse et Aïcha, modèles, qui poseront pour elle et avec qui elle se lie d’amitié.
Deloras et Flandrin finiront par se marier en 1931 et le couple se fixe en Dauphiné. Ils auront un fils en 1932, Jules Junior, mais continuent tout de même de mener une vie animée et nocturne à Grenoble comme à Paris. En 1941, Henriette décède précocement d’un ulcère, à l’âge de 40 ans, ce qui poussera Flandrin à se retirer définitivement dans sa maison de Corenc où il continuera à peindre jusqu’à ses derniers instants en 1947.
Des œuvres exceptionnelles
Les sept dessins (fusains, crayons, pastel et graphite) constituent un témoignage exceptionnel de la créativité des deux artistes. Ils sont aussi représentatifs de leurs vies où se côtoient paysages dauphinois et terrasses de café. Concernant Henriette Deloras, ses œuvres sont peu présentes dans les musées publics, puisqu’on n’en dénombre que 19, jusqu’ici toutes dans les collections du Musée de Grenoble. Pour Jules Flandrin, son œuvre est déjà bien représentée au Musée Mainssieux, puisque le musée possède déjà 14 œuvres de sa main, principalement des dessins.
Et ces œuvres, on peut les voir ?
Ces dessins, vous pourrez les découvrir de plus près, dès la réouverture du musée Mainssieux, le samedi 24 février !
Attention, ces œuvres très fragiles, ne peuvent être exposées plus de 3 mois. À compter du mois de mai, elles retourneront dans les réserves (mais seront remplacées par quelques uns des 6000 dessins de la collection du musée).