Ancienne dépendance du monastère chartreux de la Sylve Bénite, la Grange Dîmière servait au stockage des récoltes, d’étable et l’on y rassemblait les redevances en nature destinées aux moines, la dîme, à qui elle doit son nom. Au sein de la correrie, la Grange Dîmière s’impose par ses vastes dimensions, ses qualités architecturales et sa majesté, qui témoignent de la richesse et de la puissance de l’ordre des Chartreux.

L’histoire d’un ordre chartreux
Le monastère de la Silve Bénite est fondé en 1116 sur des terres données par le seigneur de Virieu. L’empereur d’Allemagne, Frédéric Barberousse, dont l’un des fils intègre le couvent en 1167, donne de l’argent qui permet aux Chartreux de construire de nouveaux bâtiments dans tout le vallon. Trois granges sont au cœur de l’exploitation agricole des religieux dont celle de la correrie, dite aujourd’hui Grange Dîmière.

Cette grange assure alors un rôle important dans l’économie cartusienne puisqu’elle servait d’étable, de lieu de stockage des récoltes, mais aussi des produits de la dîme, impôt prélevé en nature. Les premières mentions de la Grange Dîmière remontent à 1549 et le bâtiment a été reconstruit en 1655 comme l’atteste la date inscrite au-dessus du porche.

A la Révolution française, le monastère de la Silve Bénite et ses différents domaines, dont fait partie la Grange Dîmière, furent réquisitionnés comme biens nationaux, démantelés et revendus. Le monastère est ensuite laissé à l’abandon au XIXe siècle avant de devenir une propriété privée. Même s’il n’est pas accessible à la visite, son mur de clôture reste visible depuis la Grange Dîmière.

Un monument historique
Par ses vastes proportions et ses qualités architecturales, la Grange Dîmière témoigne de la richesse et de la puissance de l’ordre des Chartreux. L’intérieur rappelle l’organisation d’une église avec sa nef et deux collatéraux. Cette impression devait être renforcée avant l’incendie de 1906 et la destruction de la moitié du site. Avant l’incendie, le bâtiment mesure 35 mètres de long, 22,5 mètres de large et 18 mètres de hauteur. Actuellement, sa longueur est de 22 mètres. Des vestiges des anciennes fondations sont visibles à l’arrière du bâtiment.

La Grange Dîmière est un véritable joyau architectural. Les piliers sont en chêne, la porte d’origine est conservée à l’intérieur, l’actuelle est en planches de pin clouées à contre-fil. L’édifice est construit en galets maçonnés tout simplement enduits, récupérés sur place et provenant des moraines glacières. La toiture de 725 m² et recouverte de 33 000 tuiles écailles soit, 50 tonnes portées par le charpente.Sous le faîtage, une croix de calcaire blanc rappelle le statut du lieu, de même que le globe crucifère au dessus du portail, symbole des Chartreux.

De la réhabilitation à l’aménagement
Pour garantir sa préservation, la Grange Dîmière a été inscrite sur la liste des monuments historiques en 1987. Acquise par la Communauté d’agglomération du Pays du Voironnais en 1991, elle est restaurée en 1993 par des entreprises spécialisées dans la restauration du patrimoine. Les matériaux sélectionnés comme la chaux permettent une bonne respirabilité du bâtiment. La faible pente à l’arrière de la Grange ne permettait pas l’utilisation de tuiles écailles. Pour bien marquer la rupture, le choix s’est orienté vers une toiture en bois.

Des travaux de réhabilitation et de sauvegarde sont régulièrement effectués, en lien avec un architecte du patrimoine et l’architecte des bâtiment de France.